mardi 10 juin 2008

A - LuSiD Night #4

C'est ma couleur-crève, ma couleuvre apprivoisée sauvage et presque ! Une nuit, encore et une autre pour trinquer aux suivante, comme à la chaine. Pause ta patte sur chaque pièce, fais ce que doit, advienne que pourri. Morituri te salutant. Là sur le comptoir, c'est la couleur froide de mon ivresse illégale. Je suis subversif comme un dernier exemplaire de la Pravda dans le New York Museum. Ma vie, tu l'épingles et tu sais que ce papillon là, avec ses ailes aux couleurs psyché à moitié moisies, c'est Oscar Najh, j'ai son adresse et son numéro de non-sécurité sociale. Au lieu de trifouiller le fond d'mon ADN et d'relever mes empreintes au carbone, putain, sors seulement une boite de cassoulet de plus de ta conserverie, et donne lui mon nom.

Maintenant tu vas partager la tièdeur de ma non-intimité matinale, comme un doc' animalier sur la cinquième quand tu t'es endormi d'vant ta télé. Y'a des fauves qui baillent et qui s'étirent sans s'occuper de leur chibre en acier, d'leur putain d'corp de fauve raffraichi. On enfile un caleçon propre sur son érection matinale, on crâche un peu d'son haleine nocturne dans les chiottes - la gueule tu t'la rinces dans la bière qui reste, et va embrasser le dernier mégot avec lequel t'as fait l'amour dans l'cendrier. L'amour déborde toujours du cendrier. Calciné, gris, puant, mais amoureux. Entendre la connerie d'ce mot renvoie bien précisément à la connerie d'son état associé, cette putain d'pas envie d'ça et j'vais chier dans l'pot d'miel. L'attentat concerne la première tartine, lois d'Murphy à l'appuie.

J'te f'rai jamais le plan ringard de la cravate tâchée quand j'suis à la bourre et pressé. Ce truc ne peut se produire que dans une vie soigneusement scénarisée, orchestrée, minutée dans un jeu de causes et de conséquences lisses et logiques. Je déjeune à poil et je tâche ma peau. Je ne suis pas en retard, cette journée comme les autre ne m'attend pas spécialement. Elles se sont décourragées avec moi, à peine si nous nous saluons le matin, à peine si nous nous croisons. Je prend bien l'temps d'me laver, là, avec ma bassine et mes bretelles, en r'gardant passer les bagnoles avec leur cargaison d'cravate tâchée en r'tard, et les camions pleins d'prolos dégoutés du lundi. Je les nargue avec le luxe arrogant de mon bol de café fumant ébréché, et ma débauche de temps libre de glandeur. Je sèche sur les pierres, sur les glissières de sécurité en fumant l'foin avec mon air bovin. Je suis juste le premier d'une foule de badauds qui se rassemblent, et disserteront sur la manière dont le monde va s'écrouler. Parfois nous forniquons, et d'autre fois - plus rarement, nous y prenons un certain plaisir. Mais le plus souvent ce plaisir manque.

J'pourrais donc tout aussi bien monnayer ce désir de vivre de ma jolie jeune peau, fraîche et palpitante, tiède et ensoleillée : ma chair juvénile, encore ferme, et mes bras d'aventurier du sous-prolétariat musclés à pousser des putains d'kilos d'viande morte, mes bras taillés au tournevis dans des vieilles bastons d'ivrogne. Je pourrais l'vendre tout ça, ces semblants d'force de travail en surplus, et j'pourrais même désirer réellement pénétrer le corps d'une femme, moyennant un peu du pognon d'son mari. Simplement prendre en charge le trop plein d'tendresse et d'envie d'ces femmes incomprises, celles qui se retrouvent gardiennes de la marmaille de la prochaine génération d'Français avant même d'avoir eu l'temps d'jouir.

Je peux devenir un plan cul simple et pas chèr pour femme moderne. La femme de militaire toujours en mission, d'agent commercial toujours sur la route, de courtier en assurance toujours au bureau, de guich'tier d'la banque ou celle du chef de rayon Quincaillerie du Super U. Je peux être la vengeance sournoise des femmes trompées.
Le plan cul du Lundi d'la prof de maths dépressive, chaque jours confrontée à la débâcle des p'tits claque-merde d'la république. Le plan cul du Mardi d'la contractuelle en uniforme. Le plan cul du Mercredi de l'adolescente suicidaire mal dans sa peau, le plan cul du Jeudi d'la jeune s'crétaire qu'en peut plus d'bouffer l'vieux chibre gras et fatigué d'son trou du cul d'patron peine-à-jouire.

Je dois reprendre contact au plus vite avec mon assistante sociale, et avec la conseillère ANPE. J'ai trouvé un semblant d'vocation, un peu d'ma libido à peine renaissante à louer.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il y a comme une arête qui lacère la gorge , comme un blues cancéreux qui s’agite dans le tréfonds silence de l’artère principale . La déchéance propre et cravateuse de ceux qui se lève tôt n’a rien d’original … la ricoré tiède agglutiné sur la cuillère sale nous renseigne plus sur le sens du monde que le bruit frénétique des claviers !

 
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