mardi 10 juin 2008

A - LuSiD Night #3

On a largué les amares (oh ça oui, putain, qu'on les a larguées...) Et tout ce qui s'presse sur l'embarcadère va gentilement reculer devant les trognes sales prêtes à se saborder elles même. Je suis allé offrir mes dents pourries au soleil, là - à l'instant, en vieux capitaine crevé d'sa tempête au p'tit matin, et j'm'étale en morceaux sur tes web-plages quotidiennes, quelque jours qu'on soit aujourd'hui. Crevé. La lèpre comme t'en as encore jamais vu, sourriante, disséminée sur ce que le monde compte de centimètre carré de sable libre. A sentir palpiter ma viande infectée par de l'esprit d'esprit, jusqu'au fond et encore plus. J'ai joué au dandy gangréné dans les zones franches d'une séduction qui n'en n'est plus franchement. Un constat égal sur l'ensemble de mon oeuvre : c'est la ruine de ma mâchoire qui découpe dans le ciel la silhouette des citées dortoires. Un prêtre moisi qui défie l'univers entier. J'ai un abattoir à moi, un genre de théâtre d'avant-garde ou je joue chaque soir une pièce de mon existence : un drame éléctroménager, la vaisselle et sortir les poubelles à la manière des expressionistes allemands.

On peu à l'infini laisser s'écrouler la moitié de sa raison. Il en restera toujours quelquechose, que le temps rend primordiale. Ce sera souvent : l'appétit, une faim noire qui vient te tirailler le ventre, une soif qui change chaque mot en un putain de désert ardent. Quand t'es dans ce western là : tu prends ta béquille sous l'bras, t'avances dans la non-société, le non-groupe-troupeau-raté du quotidien, tu renvoies les drames comme un mirroir, t'as simplement l'oeil vitreux et approbateur pour du tout et du n'importe quoi. Au fond tu cherches juste le saloon, tu cherches Susanne, tu cherches juste un morceau d'maman nourissant, tendre, simple. L'envie de tout baffrer, de crier au scandale, parce que toutes ces merdes qui t'entourent ne sont pas foutues de jouer correctement leur rôle de miséreux - un autre plaisir gâché. Alors tu peux pondre un discours fleuve, dans lequel le mot "stupre" revient plusieurs fois. Une loghorrée - peut-être. Mais l'espace d'un instant, au milieu de cette assemblée de cow-boys débiles, avec la vieille diarrhée de rage qui sort et rebondi sur la viande crasseuse de ma langue, l'espace d'un instant, il y aura des lambeaux de moi qui vont voler. Sur le pianiste, et sur cette bien-aimée Susanne qui n'existe pas mais qui m'intrigue tant -

Ensuite, lancer sa propre procession grotesque, charrier deux ou trois âmes, ramasser les cadavres derrière la beauté bourgeoise. Peindre des décadences futures, celles des prochains échecs. La vraie avant-garde, ce serait d'incarner aujourd'hui la décadence de nos utopies. De bâtir des théâtres en ruine où jouer des cabarets divinatoires, au comptoir avec Amanda Palmer dans le rôle de Susanne. Crâmer toute les étapes, une putain d'élipse et laisser tous ces cons avec leur rêve en berne, des espoirs grillés avant même d'avoir frôlé un esprit. On aura tous la même viande bien douloureuse sur nos os fatigués, et racconte à tes p'tits enfants et arrière petite chiures la merde qui les attend maintenant. Le tout en ricanant une dernière fois devant notre apocalypse raté de merde. Putain d'pétard mouillé, seulement un vieux résidu d'une société qui n'a même pas réussi à crever avec panache. On verra bien, ou plutôt on ne verra pas si quelqu'un fait mieux.

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