lundi 3 novembre 2008

La sombre aventure de Patrick G.

Il a bouffé son coeur, et il a roté. Savament cuisinée, la barbaque - ça avait gentiment mariné une vie entière dans toute sorte d'humeurs, et même de l'amour, il parait. Alors il l'a bouffé. Il a bu son foie et fumé ses poumons, ensuite. Un peu comme un repas d'condamné, comme un dernier régale, une dernière ivresse. Le lendemain, toute la boyeauterie en vrac, évidemment. La gueule pas belle dans l'miroir, la peau blanc bizarre, un peu comme du vieux journal, ou comme les nids d'guêpes. La gueule friable, il en a laissé des lambeaux dans l'fond du lavabo, en s'rasant. Sur l'plus gros des lambeaux, y'avait un article imprimé, un fait divers qui parle d'une mamie violée dans une banlieue d'Rome. C'est amusant, parceque dans l'cendrier, en l'cramant, ce bout d'papier gris et sec balançait une jolie fumée rose, avec une odeur sucrée d'barbapapa, certainement le parfum qui servait à la vieille pour couvrir son odeur de vieille, une odeur d'urine, d'amoniaque et de vieux cuir tané. C'est sans doute ce parfum qu'a attiré des violeurs en manque d'affection.

Le parfumeur à été interrogé par les carabinieri. Il dit que ça peut pas être la faute du parfum, parce que toute les fêtes forraines sentent la barbapapa, et que personne s'y fait violer - enfin, pas plus qu'ailleurs. Pas plus que dans les maisons d'retraite, en tout cas. Il se marrait en disant ça. Mais tout l'monde sait que c'est pas vrai. Les fêtes forraines, c'est un truc à s'faire dépiauter les cuisses pour les p'tites filles, et pour les p'tits garçons pas encore viriles. Des études sérieuses tendent à démontrer qu'être laid - enfin, être physiquement en dehors, voir à l'opposé des canons de la beauté physique de son époque - être moche, quoi, ne garanti pas de pas s'faire violer. Surtout dans les fêtes forraines. Au contraire, face à une belle femme, le violeur peut craindre de n'pas être à la hauteur, sexuellement. Alors qu'une moche, ça s'enfile comme un vieux pull confortable, on croit même lui rendre service, ça peut jouer ça, au procés.

Aprés, c'était plus pareil. Il avait fini de digérer son coeur, il avait chié un p'tit morceau d'charbon, et puis, les faits divers, il pouvait les lire sans battre des paupières. Quand une petite vieille se f'sait violer, il pouvait même s'astiquer l'chibre, avec le journal, sans se sentir coupable, sans se dire que c'était pas bien de rêver de vieille dame violée. Il aurait même pu l'faire lui-même, parce qu'il avait pas bouffé son sexe, encore. Ca allait pas tarder pourtant, sa vieille bite morte, il s'demandais bien quel goût ça pouvait avoir. Elle aussi, elle avait mariné dans l'amour, mais dans de l'amour contre argent. Remarque, l'amour quand on l'achète, on l'gère comme un consommateur. On exige, on choisi : le p'tit trou, et quelques cris, s'il vous plait madame. Seulement des putes de quatre-vingt quatre ans, ça cours pas les trottoirs.

Il rêvait de jaretelle sur des varices, il s'en est jamais caché, mais personne lui avait jamais demandé non plus ce qu'il préférait vraiment. Personne voulait savoir. Même les flics l'interrogeaient plus. Alors il a bouffé son coeur, petit bout par petit bout, en mâchant bien pour pas vomir, parce que la viande de son coeur, elle était corriace.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Un cœur/une queue qui oscille entre les petites filles et les vieilles à varices ne peut qu'être plein de miséricorde/misère à cordes pour finir dans la mare à mite d'un gastro-norme cherchant le point G.

OsKarr Najh a dit…

Mais c'est toujours plus facile de s'branler la queue que l'coeur. Le point G ne risque pas de changer d'place, enterré avec le Graal, Elvis Presley et la sextape d'Eva Braun.

 
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