mercredi 2 avril 2008

Au commencement était la boucherie

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Blanc. Il est blanc mon blog. Blanc comme un trou, blanc comme un carrelage d'hopital - sans jointures. Blanc, une robe de marriée qui attend la souillure blanche du marié. Blanc, un sourrire éclairé au néon, blanc comme les saloperies qui constellent ton T-Shirt noir et qui brillent à cause de cette saloperie de lumière noire.
Moi je suis noir comme la lumière. Noir comme la crasse au fond du bénitier. Je suis noir en dedans, blanc au dehors. J'ai le blanc du tablier. Tablier de boucher, tablier de chirurgien, bouche cachée aux dents cassées. Les dents noires et rongées, à force de faire tampon entre mes mâchoirs crispées. Les dents décomposées par l'insouciance et la légèreté.

Terriblement sociable au dehors, bouillonnant de mépris au dedans. On voudrait que je culpabilise pour cela.
Mépriser autrui, ce n'est pas convenable. C'est être intolérant. L'intolérance, c'est mal.
Pourtant, je suis intolérant face à la médiocrité ambiante, qui suinte de chaque mot lâchement lâché pour justifier des actes égoïstes.
"Autrui" n'est fait que de cela, de lâcheté, d'égoïsme, de boue et de sueur idiote. Autrui travail. Autrui construit. Il construit le monde, là où il reste de la place. Il construit des merdes, suffisemment merdique pour que ça tombe en lambeaux. Alors le fils d'autrui pourra tout reconstruire. Le fils d'autrui aura un travail. Il ne méprisera pas son Arbeit, son labeur, sa besogne.

Et on ne travail qu'entre autrui du même pays. Attention aux autres autruis - ça par contre, c'est pas de l'intolérance, mais les autre autruis sont pas comme nous. On les méprise pas - ce serait pas bien. On les déteste, rien de plus.
En fait, on fouette comme des merdes, parce que faudrait pas que ce soit le fils de l'autre autrui qui travail à la place du fils d'autrui - vous me suivez ? Les autre autruis travaillent mal, c'est de notoriété publique et tout le monde sait ça. Comme tout le monde sait que le mépris, c'est mauvais.

Moi évidemment, j'ai décidé de mépriser autrui. Autrui et l'autre autrui, sans discrimination de race, de sexe ou de religion, car je suis un gentil républicain bien éduqué, à défaut d'être tolérant. Je le méprise non pas parce qu'il est médiocre, et non pas parce qu'il dépense toute ses maigres facultés de mauvaise foi énervée pour stagner dans cette médiocrité qu'il cultive avec tant d'entrain. Non. Moi je suis viscié, pourri du fond du coeur, j'ai le mal. J'ai pas le sens des valeurs des choses et du reste - j'ai le mépris comme d'autres ont des globules blancs.
Le principe démocratique, celui qui fait que les millions d'autrui l'emportent sur moi - O.K., la terre est plate, n'allez pas trop loin vous pourriez basculer. Faudra marrier une fille de la ville, blanche et catholique, et faire plein de petits autruis, et travailler dur pour nourrir leurs petits estomacs de larves incapables, le temps qu'ils grandissent un peu.
On en fera des prolos et des patriotes, qu'ils crèvent pour une paie ou pour un pays. Pourvu qu'ils ne méprisent pas. Moi je suis épris du mépris. Je le cultive comme d'autre cultivent leur misère. Je vie, je respire et je mange pour mépriser. Et personne ne l'accepte. Putain d'intolérance.

"Bon dieu, t'as fait des études, t'as la tête. Moi je l'ai pas, mais toi t'as la tête, qu'ils me disent. Je comprend pas que tu trouves pas de travail."
Parce que moi ma tête, pas con que je suis, je m'en sers pour que le travail ne me trouve pas. C'est à moitié concluant. Faut que je peaufine. Je suis pas fait pour arbeiter. Personne n'est fait pour ça, mais moi, je l'assume. Pas fainéant, j'en fais pas moins que n'importe qui. C'est pas une honte d'être fainéant. Ce qui est honteux, c'est d'être prêt à arbeiter sans conviction pour ramasser l'aumône d'un salaire aussi lourd qu'un glaire dans la face, qu'on va claquer en matchs de foot et en vacances de prolos, à glander avec sa perf de ricard pour oublier sa vie de merde, en espérant secrêtement chopper une cirrhose pour plus retourner à l'usine, qu'on en pleure de la merde avec ses gros yeux de débile.
Je ne ferais aucun effort pour m'alliéner. J'attend que le monde fasse un effort pour s'intégrer à moi. C'est pas moins légitime que cette manie de niveler tous les autruis de la planète au niveau de la chienlit rampante, à grand coup de arbeit et tais toi, et de venir jouer aux ahuris parce que je les méprise. Je rampe dix bons centimètres au-dessus d'eux, c'est suffisant pour les mépriser.

Oscar Najh - Habile Mental

1 commentaire:

Tchiiiiiii a dit…

J'aime bien. Mieux ton début que ta fin. Sans doute un côté bourgeois que je m'emmerde à camoufler.
Sans doute ce qu'on y retrouve là. Un petit côté de jeune bourgeois anarchiste.
Heureusement que tu ne lâches ta colère qu'ici...

 
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