jeudi 10 avril 2008

J'ai vomi dans mes cornflakes (www.tapasnocturn.com)

Tu vois, finallement l'abattoir, c'est un peu le royaume du vomi, dans tout ce qu'il peu représenter. Le foie malade, gavé, la décadence et l'opulence, l'orgie de par chez-nous, et aussi l'écoeurement, l'ivresse celle qui fait mal, la désillusion trop soudaine comme un changement dans la pression athmosphérique et pop ! ta tête explose. Morphologie renversée, ta bouche devient le trou de ton cul.

Le foie, ce truc, cet organe qui sert d'éponge pour nettoyer un peu, faire le tri dans les saloperies qu'on nous fait avaler, le foie quand il sature de ces saloperie, le foie c'est ta mauvaise foie en somme, c'est ce morceau de discours qui fait que les mensonges te conviennent. Le jours ou il pète, c'est le jour ou la masse de mesquinerie le surpasse et que d'un seul coup il se révolte. Il envoie tout remonter en vrac, avec sa bile à lui en plus, et toi d'un seul coup t'es dégouté de voir toutes ces saloperies qui étaient en toi et qui fument, là. Ces morceaux de chômeur, d'immigrés, de grêvistes et de proxénètes, les dictateurs chiliens et les escadrons de la mort, tous ceux qu'on t'as appris à détester et qui restaient au chaud, en prison, dans les alvéoles de ton foie, de ta mauvaise foie, tous ceux qui trempaient dans ta bile. Et tout ceux-là qui dégoulinent dans la cuvette des chiottes, blanc faïence, que tu peux enfin regarder en face et leur demander pardon, en chialant parce qu'ils t'ont déchiré la gorge, tous ceux là qui flottent un instant avant que tu tires la chasse en te murmurant "demain j'arrête" ou "plus jamais ça" ou un autre slogan du genre, tous ceux-là qui vont se répandre dans les égoûts de l'oublie, du non-lieu, de la prescription.
Mais surtout ta bile qui pue, vraiment.

Le vomis, c'est le RMI et le SMIC, c'est les récits politiques de tous bords, c'est des vrais morceaux de faits divers que t'arrive pas à digérer, c'est les divertissements ringards qu'on te propose aprés ta journée de boulot, à tailler des cadavres dans un abattoir de province. Et tu penses à tous ceux qui vont la mastiquer, cette chair, et qui trouveront ça bon, qui lâcheront des gémissements de plaisir en avalant ces lambeaux de cadavre ; des adolescentes moulées à la louche, des enfants mal élevés, des pères de famille en crise, des cadres et des chefs de rayons de supermarché, des retraités de la RATP et des patrons de PME, des obèses coupables et les anorexiques qui pensent déjà au chemin retour.
C'est l'accumulation de tout ce que tu veux pas assimiler, qui gonfle quelque part, et qui atteint son point limite.
Ca te laisse comme assomé, halletant, ça fait de toi le truc sale au milieu de la foule, mais les doigts pointés sur ta face et les mines dégoutés, les râles et les gémissements, tu t'en fous. T'as vomis, et tu souris.

Faut atteindre à l'anorexie sociale. Vomir aprés chaque JT. C'est une simple question de discipline.

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