samedi 5 avril 2008

NightCrawler

On s'ouvre. S'ouvrir les yeux, comme au début d'un court de Bunuel et Dali.
Ils disent quoi, les autre, sur leurs blogs ? C'est quoi ce truc qu'ils veulent livrer à tous, et que quelques-uns peut-être liront ? "Ce fruit amère et sans danger", et tourne tes talons en arrière bla-bla. Je me mets dans le rang des quelques-uns et je lis. Curiosité d'abord, et puis, on dit que c'est de l'ouverture, comme au début d'un court de Bunuel et Dali, de l'ouverture d'esprit, c'est plus classe que de la curiosité qui, je le rappel, est un vilain défaut.

Trés vite se dresse le portrait robot des principes littéraires dans l'inconscient collectif. L'écriture est noble, il faut être beau.
Le poème rime, à plus forte raison s'il ne rime à rien. MOI je me branle sur la beauté de l'été, des moissons de l'ancêtre et de la France qu'elle était belle avant les H.L.M. MOI j'aime la beauté brutale de mon béton gris et râpeux, dit moi que c'est une langue de chat, dit moi que l'acier est froid, mais agréable comme le glaçon dans le verre de martini. Dit moi que la fumée des haut-fournaux de l'industrie, c'est un million de fois la pipe de ton vieux marin fumeur de merde avec son vieux bâteau en bois rafistolé, je le coule avec mes adorables pétroliers. On poétise sur les culs moelleux dont on essaie de dire qu'ils font bander, mais avec des mots propres et soigneusement stérilisés au chalumeau d'une langue chiadée. Ton cul j'appel ça des yeux, et j'aime la profondeur de leur bleu, après la fessée.

L'article critique est structuré (tu la sens ma thèse ? Tu la vois mon anti-thèse ? Alors mange ma synthèse...) L'auteur est toujours humble. S'il se prend au sérieux, c'est souvent par dérision. Les figures de style aussi. Putain, c'est lisse et fleuri comme un lac de montagne, si tu vois une vague c'est juste un canard qui coule. Egratigné. C'est le mot de la plus grande fureur qu'on puisse trouver ici bas. On se cache derrière sa docte et sa culture partiale pourrie, si t'en as pas tu l'inventes, qui vérifiera ? J'ai 85 autre blogs à lire...

Le journal d'une vie médiocre, quand une vie misérable prend le tournant fatidique, la terrible douleur d'être soi - j'écris ma vie tu lis la tienne, on fait des concours de malaise, le premier qui rate sa tentative de suicide en se tranchant les veines dans le mauvais sens - alors que tout le monde sait maintenant que c'est pas au travers du poignet, mais bien dans le sens de l'avant bras, avec une légère diagonale, que c'est le plus efficace. Le sordide du quotidien mit en mots, du Balzac moderne. Merdique y'a deux siècles, merdique et sec aujourd'hui.

Y'a guère qu'un Andy Vérol pour relever un peu ce marasme rutilant de bon-dieuserie tantôt gaucharde-merdique, (les blogs sans faute d'orthographe, c'est un truc de prof encarté à la CFDT) - tantôt honteux-fasciste, qui ose le patriotisme, dernière maladie mentale pas reconnue et pas remboursée par la sécularité-sauciale. Pour ce qui est des autres merdes d'apolitiques, elles méritent juste le vert d'une glaire bien tuberculeuse. On est dressé ou couché, et lorsqu'on se couche, on devient le paillasson du monde.

J'aime pas la littérature, c'est pour ça que j'écris. Cette pute-là, je peux aussi me la payer. Je peux frayer avec mon chibre-langue dans l'utérus du verbe et bien au fond, crâcher mon infection blanche et féconder les ovules de la textualité. Tire un coup de fusil dans une envolée lyrique de canards sauvages, y'en a toujours un qui tombe criblé de plomb. Je baise le texte, sans capote, viral comme les comptes bancaires d'une société offshore. J'ai tellement de talent que j'ai même plus besoin de lecteur.

Je me prend parfaitement au sérieux, ni par jeu ni par démesure. Je suis le seul à vous respecter : critiquez et crâchez, je reste dans la trajectoire. Je n'ai pas la prétention de vous faire perdre votre précieux temps avec des farces et des demi-mots. L'humour et l'auto-dérision, c'est pratique quand on n'assume pas ses propos. Le second degré c'est juste un truc pour rester lâche, mais avec classe. L'ironie, c'est le gilet pare-balle de l'auteur moderne. Tout le monde l'a compris, tout le monde le pratique.

Je mitraille moi-moi-moi parce que je suis au XXIème siècle, et j'ai acquis le droit de parler, parce que plus personne n'entend. La démocratie (oui, encore un couplet contre la démocratie, cette merde auquelle le monde s'accroche en dépit du bon sens) - la démocratie n'est finallement qu'une vaste enculade quand on vous à crevé les tympans. Délivre ton message dans ma cacophonie, la paie et l'amour "noyés-avec-le-petit-chat" auditif. Au dessus de ce bruit de fond, un détonnant "Buvez du Cacao Van Houten !" - On connait plus de slogans publicitaires que de citations.
Parler, c'est bien. Tenir le mégaphone, c'est mieux. Avoir quelque chose à exprimer à tous, c'est l'ultime.

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