mardi 6 mai 2008

De la viande sur une non-carte-postale

Dormir debout au travail, comme dormir dans la viande, avec la viande qui dort en moi. Et la pause, y'a comme un poste là pour naviguer, faut virer le con qui cherche un appart', j'ai de l'urgence à cracher. Faut que j'écrive à mes amis imaginaires sur mon blog concret. Des nouvelles de mes vacances, ici il fait beau, les néons dardent leurs rayons blafards sur la gueule moite des collègues vacanciers à l'ouvrage dans la viande. On bronze synthétique dans la fraîcheur des chambres froides, la canicule ne nous fait ni chaud ni froid. Mes mains sont belles, épilées par les gants protecteurs en cotte de maille. Elles aussi, elles brillent avec les néons et les murs blancs. La viande et moi, nous fumons abondament.
Ceci n'est pas une carte postale. Ici, les ouvriers qui se croisent dans les couloirs se font mutuellement peur, avec leurs combinaisons blanches maculés d'infimes giclures de sang, couteau en main et masque sur le visage. Nous sommes une armée blafarde au service des estomacs. Nous livrons bataille contre le règne animal, contre la viande abondante, contre le gras et la couenne. Des soldats de la faim, le masque, ce n'est pas que pour l'hygiène, j'en suis certain.
Je glisse ma lame entre des cotes offertes. L'animal n'a aucune réaction. Moi non-plus. Je vais dormir sur la carcasse. Mon couteau comme un sexe planté dans sa chair, cette relation si intime, et mon masque, c'est juste pour l'hygiène. Je ne suis pas certain.

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