vendredi 2 mai 2008

L'ApoKalypZ selon Saint Ford


Y'en a plein les terrains vague, ça dégueule de partout. Y'a des temples partout, tout autour de la ville. J'ai consommé tout ce que j'ai pu. Plein la panse, rien dans la pense. J'ai tout baffré, j'ai acheté des pantalons plus large. J'ai acheté des ceintures avec mon chômage. Des bretelles avec mon RMI.
Y'a un univers dans ma poubelle. Des lambeaux de bonheur usé. Des emballages et des pots de yaourt. Du vide, du périmé, du changement d'avis, de l'usé, du terminé, du passé. Y'a ma tête et mon estomac. Mes héros, mes amis et mes prophètes. Y'a mes goûts et mes dégoûts, de toute les couleurs.
Mes rêves avortés, et des trêves accordées. Y'a ma sueur. Ma sueur en carton, ma sueur en épluchure, ma sueur en aluminium, en plastique et en papier. Mes bretelles de RMIste.
Les couvertures de magasines. Les stars avec des épluchures sur les dents, des sourires violés par des patates écorchées vives. Y'a les cendres d'une aprés-midi. Des ratures et des brûlures. Y'a le génie de Francis Ford. Y'a Wilson Woodrow, et y'a Monica Lewinsky. Du pétrole et des photocopies de la Joconde.
Y'a mes désirs démesurés, mes envies mal calibrées, y'a des chutes. Des chutes de tension. Des chutes silencieuses. Des compte rendus de rêve, ces rêves qu'on réalise pour se rassurer sur leur futilité. Y'a du prestige et de l'image de marque, et des marques sur les images, et des images qu'on remarque encore, des remarques imaginaires. Y'a le nerf de la guerre, et puis y'a la guerre des nerfs.
Y'a mes petits cauchemars.
Vers le cimetière des caddies, décatie. Le cimetière décadent, sur les dents. Dans les parkings, dans les hôpitaux, sur des aires d'autoroute, sur un air de jazz. Dans le supermarché, l'hypermarché, l'ultramarché. Du pétrole dans les artères, une prise de sang, 200 prières. J'ai des €uros qui ne font pas que des heureux. Des heureux qui ne font pas que des rots. Des marges arrières quand rien ne va à reculons. Des manoeuvres, des manutentionnaires et des manuels. J'achète des conflits, je prend position, j'achète une opinion et je calcule la pluvalue. L'espérance de gain, l'espérance de vie, et puis plus tellement d'espérance. Se faire traiter comme un chien, et puis se faire retraiter, comme un vieux cabot.
Des containers et du ciel bleu. Une décharge en surcharge. Des camions pour ramasser les ordures. Des bus pour emmener les ordures en bon ordre. Des ordres pour amener le désordre. Un bulletin de notes, un bulletin de salaire, un certificat de décès. Les archives. Un coup de force dans la rubrique nécrologique. Un testament du vide. J'ai consommé tout ce que j'ai bu. Ma sueur et mon sang, et le lait des jeunes années.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'aime bien celui-ci Oscar ^^

Erebus

 
Creative Commons License
Kabaret Cholera par Oskarr Najh est mis à disposition selon les termes de la license disponibles à cette adresse
.